Bonjour à tous !

Ce blog m'a permis de partager avec vous mes découvertes, impressions et images, tout au long des neuf mois que j'ai passés en Chine en 2007. Je suis maintenant de retour à Montréal mais il me reste plusieurs épisodes de mon voyage à vous raconter. Je vais donc continer à alimenter ce blog avec mes aventures en Chine...

lundi 16 avril 2007

Temple, piscine et élections présidentielles...

La journée, chaude, lourde et humide, est en train de s’achever dans un orage à tout casser. 20h dimanche soir : de gris clair (sa couleur habituelle), le ciel est passé à gris foncé en un instant, puis il a lâché d’un coup toute la pluie qui alourdissait l’air ambiant depuis quelques jours, atteignant son paroxysme aujourd’hui avec 30 degrés, un ciel très bas et un air incroyablement pesant… On est tout juste à la mi-avril. Je n’ose imaginer le climat au mois de juillet ! Les habitués disent que l’été, on passe d’un lieu climatisé à un autre, en prenant systématiquement le taxi (marcher dans la rue étant trop difficile).

Ça me rappelle mes premiers jours à Pékin. Je suis arrivée le 12 août 2005. Il faisait ce genre de température terriblement chaude et humide, quand marcher quinze minutes dans la rue relève de l’exploit athlétique. J’ai compris pourquoi les Chinois utilisent des éventails qui, contrairement aux chapeaux pointus des images d’Épinal de la Chine, sont encore largement répandus en ville. Je m’y suis d’ailleurs mise rapidement aussi (à l’éventail). Et c’était à Pékin, près de 1000 km plus au nord et déjà presque à la fin de l’été ! À Shanghai, ça va être l’enfer ! Enfin, d’ici là, je profite de la température relativement agréable (excepté aujourd’hui). Cette semaine, j’ai fait une entrevue dans un parc, une autre en terrasse. Ce sont les gens qui demandent à rester dehors, pour en profiter avant "qu’il ne soit trop tard" !

Dimanche dernier, jour de Pâques, j'ai fait une journée "visites de lieux de culte". Je suis allée voir la Cathédrale St-Ignatius dans le quartier de Xujiahui. Je suis arrivée à l’heure de la sortie de la messe et j’ai vu un car complet de Français qui sortaient de l’église ! Une église en briques rouges, avec un Jésus à l’extérieur, entourée des hauts buildings résidentiels et des gigantesques centres commerciaux du quartier.


Ce quartier est complètement « freakant ». C’est difficile à décrire tellement c’est fou. Quand on sort du métro (il y a 17 ou 18 sorties à cette station), on se retrouve aux portes des centres commerciaux géants (un peu comme si le carrefour de l’Acadie était entouré de centres Rockland de tous les côtés, sur des dizaines d’étages et sur toutes les rues environnantes, avec la densité de la foule du soir du grand spectacle extérieur du Festival de Jazz (ou les Galeries Lafayette puissance 10) : des essaims de gens qui courent dans tous les sens, qui nous sautent dessus pour nous vendre tout un tas de choses (fausses, évidemment) : sacs, montres, lunettes, DVD... En plus, en tant qu’étrangère, je suis particulièrement ciblée par les vendeurs des rues qui ne voient en moi qu’un gros signe de $. C’est un véritable parcours du combattant pour sortir de ce genre d’endroit. Même quand on dit Non, ils insistent, nous suivent, nous tirent par le bras, nous barrent la route. Je trouve ça très agressant et je déteste aller dans ce coin-là. Il y a plusieurs endroits comme ça à Shanghai. Quand on les connaît, on peut essayer de s’en sortir au plus vite, mais les premières fois, c’est vraiment éprouvant.


Dimanche dernier, donc, après l’église, et suivant les consignes de mon petit guide (papier) de Shanghai, je devais prendre un bus qui partait de cette station de métro pour rejoindre un temple bouddhiste que je voulais visiter. Le guide donne le numéro du bus à prendre mais ne précise pas le prendre : 17 sorties de métro, la foule sur tous les trottoirs environnants, des kilomètres de souterrains bondés… Il m’a fallu 2 heures pour trouver l’arrêt d’autobus recherché ! Il faut savoir rester zen…

La destination en valait la peine. Je suis arrivée à la Pagode et au Temple de Longhua, un temple bouddhiste magnifique, le plus ancien et le mieux conservé de Shanghai. Les couleurs ocre et pourpre des murs du temple sont superbes.



Chaque salle du temple renferme des trésors :

bouddhas géants

milles petits bouddhas (Luohan).

Et la ferveur des Chinois est vraiment impressionnante. Personnes âgées, jeunes et enfants font brûler de l’encens et se recueillent devant chacune des statues, avec tout un cérémonial : trois fois d’abord vers le nord, puis vers chacun des quatre points cardinaux. J'ai eu la chance d’assister à une petite cérémonie bouddhiste. Voici quelques photos.


Deux des quatre rois du ciel.

Bouddha Maitreya

Milefo, le Bouddha rieur, la représentation du futur Bouddha.

Sans commentaire...

La pagode, qui date de 977, servait essentiellement de bibliothèque pour les sutras bouddhistes.

Dans le parc du Mémorial des martyres de Longhua, quelques pas plus loin, des enfants s’adonnent au dessin et à la reprographie de la Pagode ou des monuments du Mémorial. Il faut voir le sérieux de ces enfants et la fierté des parents devant l’œuvre de leur progéniture.

Les petits Chinois sont des enfants surbookés. Ils ont des emplois du temps assez fous. On le dit depuis longtemps des enfants japonais, mais la spirale infernale de la compétition a désormais envahi la Chine. Dès leur plus jeune âge, les enfants dont les parents ont les moyens sont inscrits, en plus de l’école traditionnelle, à des cours d’anglais, de dessin, de musique, de sport. Il existe même un programme de MBA pour les enfants (à partir de 4 ou 5 ans, je crois), pour leur apprendre le leadership, la prise de décision, le travail d’équipe, à parler devant les autres, à mener un groupe… un MBA, quoi !

Les parents sont obsédés par la réussite de leur enfant (unique). Ils sacrifieraient tout pour que leur petit soit le meilleur, pour qu’il soit « successful ». C’est le mot qui revient systématiquement dans toutes les conversations que j’ai avec des Chinois ici (et de beaucoup d’étrangers qui sont aussi là expressément pour ça) : la réussite, le succès en affaires, l’argent… c’est le leitmotiv, la raison de vivre des Shanghaiens. L’urgence de faire de l’argent et de rattraper le temps où cela leur était interdit est vraiment palpable. Tout va vite. Les boutiques s’ouvrent et ferment leur porte en une journée. Les employés quittent leur employeur pour quelques dizaines de Renminbi supplémentaires par mois chez le concurrent. C’est la loi du marché et de la concurrence. La seule et unique loi qui vaille ici. Et ils le reconnaissent. La loyauté envers un employeur ? Pourquoi ? S’ils peuvent faire plus d’argent ailleurs...

Dans le lobby de mon hôtel, il y avait une petite boutique de souvenirs, sacs à main, valises. Elle existait jusqu’à vendredi, 17h. Quand je suis ressortie une heure plus tard, j’ai vu les valises et les meubles de la boutique entassés dans un camion. Peu avant 20h, les vitres de la boutique étaient abattues à la massue. En sortant demain, je découvrirai sans doute une nouvelle boutique, à moins qu’ils ne préparent carrément un nouveau concept… Ils ont déjà enlevé le salon du lobby où je venais me logger sur Internet en WiFi. L’étage est maintenant complètement vide. Tout est désormais possible…

Samedi dernier, le sénateur représentant les Français établis hors de France était de passage à Shanghai, dans le cadre de sa campagne présidentielle en faveur de la candidate socialiste. J’étais de la partie simplement parce que, parmi les fondateurs de la section du PS de Shanghai se trouve mon ancienne colloc à Pékin, ainsi que son copain et trois autres amis à eux. La section est toute jeune, fondée par des très jeunes (ils ont tous moins de 30 ans) et compte aujourd’hui une quinzaine de membres mais ils sont super actifs.

À une semaine du premier tour, l’ambiance ici commence à être fébrile. Je fais du lobbying auprès du vice-consul (avec qui on est sorti quelque fois) pour que le consulat organise qqch pour les résultats ! Sous prétexte qu’il sera 2h du matin ici au moment de l’annonce des résultats (20h en France), et que le personnel du consulat est crevé (avec la préparation des élections, justement), ils ne veulent rien organiser ! Il y a entre 8000 et 10000 Français à Shanghai. On ne va quand même pas regarder les résultats chacun chez soi devant son portable !!! Je n’en reviens pas… Pour les élections québécoises du 26 mars, j’avais aussi essayé de faire quelque chose auprès du consulat canadien, mais le consul m’avait répondu que pour 50 Québécois inscrits (et approximativement une centaine au total), ça ne valait pas la peine. Soit. Mais pour 10 000 Français !? Je ne perds pas espoir, à force de faire pression... Il suffit finalement de réserver une grande salle et d’avoir un portable, une connexion Internet et un grand écran. Il me semble que ce serait dans les cordes du consulat et dans ses devoirs, un peu, non ?


À part ça, cette semaine, j’ai expérimenté la piscine du grand stade de Shanghai. Et bien ça n’a pas été une expérience très concluante. D’abord, comme le complexe est immense (comme tout, ici), avec une quinzaine d’entrées (lui aussi), j’ai passé une heure à trouver l’entrée de la piscine une fois arrivée sur le site du stade… (Il est vrai que je n’ai pas un sens de l’orientation exemplaire, mais ce n’est pas la seule raison. D’abord, les cartes chinoises ne sont jamais à l’échelle, ce qui n’aide pas à se positionner correctement. Ensuite, sur place, c’est très mal indiqué. Et enfin, les sites sont tellement grands que si l'on n’a pas la chance d’arriver pile au bon endroit par hasard, il faut nécessairement un certain temps pour rejoindre la bonne place).

Bref, j’ai quand même fini par arriver dans la piscine. Comme c’était le milieu la journée, il y avait toute une classe d’enfants qui s’entraînaient dans le bassin à côté. Un groupe d’enfants dans une piscine, c’est toujours bruyant, mais un groupe d’enfants chinois… Au secours ! Je vous avais déjà parlé du bruit… Plus il y en a, plus ils aiment ça. Ils étaient si nombreux qu’en passant à côté, je n’ai pas vu la couleur de l’eau entre les bonnets de bain de toutes les couleurs, c’est dire s’ils étaient serrés et j’exagère à peine. En plus des enfants qui crient, les maîtres nageurs, le sifflet à la bouche, sifflent chaque geste qu’ils font et les font compter à tue-tête en même temps… Parce qu’ils font tous les mêmes mouvements en même temps, comme à l’armée.

Dans mon bassin, les adultes étaient moins nombreux et moins bruyants, mais complètement indisciplinés. Sur un bassin de 50 mètres, quatre couloirs, séparés virtuellement, sans bouées. Autrement dit, un grand bassin sans couloir où les nageurs vont dans tous les sens, essaient tant bien que mal de se contourner, entrent systématiquement en collisions quand ils nagent sur le dos, et ne nagent pas vite, en plus ! Ils nagent seulement la brasse ou le dos, mais pas le crawl. Comme je nageais plus vite que la plupart, j’ai commencé à faire comme eux et à me faufiler. Et voilà que je me suis fait engueuler par un Chinois, frustré, visiblement… En tout cas, se faire engueuler en chinois, c’est pas l’fun. Surtout que je ne me sentais pas vraiment en tort et que je lui aurais bien répondu ! Finalement, j’ai décidé de ne plus retourner à cette piscine. J’essaierai d’en trouver une autre, plus petite sans doute, mais j’espère moins achalandée.


Le pont Nanpu, à 5 minutes à pied de chez moi, et le fleuve Huangpu. Tard le soir, quand le bruit de la ville s’est un peu calmé, j’entends les cornes de brume (l'un des rares sons agréable à mes oreilles), qui me rappellent que Shanghai est une ville portuaire, ce qui essentiellement à l’origine de toute cette effervescence.

mardi 3 avril 2007

Des arbres, des fleurs et des arbres en fleurs

Me revoilà après une semaine de retraite… dans le boulot ! J’ai fait beaucoup de recherches sur mes sujets de reportages et sur de potentiels nouveaux sujets. C’était intéressant mais rien d'intéressant pour le blog. D’ailleurs, il semblerait que l’accès au blog soit de nouveau fonctionnel de Chine ce soir, pour la première fois depuis deux semaines…

Aujourd’hui, j’ai donc fait un break de recherches et je suis allée au Jardin Botanique de Shanghai. Je m’étais promis de sortir dès que le ciel bleu réapparaîtrait… Je n’ai pas dû trop me forcer pour tenir ma promesse ! Cette journée de plein air a fait un bien fou. Voir des fleurs et de la verdure, entendre les oiseaux chanter (même si on entend toujours les klaxons en arrière-fond), c’est vraiment revigorant, surtout après plus d’une semaine de grisaille.

Voici des photos prises de chez moi (en zoom du 25ème étage) : la petite école, la grande école, une ruelle au pied de mon building… et le coucher du soleil.


Et voilà des photos du Jardin Botanique. J’ai adoré. C’était magnifique.


Une partie du jardin est consacrée aux bonsaïs : "arbres bonsaïs"...


mais aussi "rochers bonsaïs"...

Détente à l'ombre d'un des plus beaux arbres du jardin.

J’ai assisté à une scène de réjouissances entre des pêcheurs alors que l’un d’eux a fait une prise exceptionnelle, apparemment… Le pêcheur en question est celui qui porte un casque. Ne me demandez pas pourquoi il porte un casque. Ça fait partie de ces mystères qui font le charme de la Chine et que j’ai renoncé à élucider… Mais quand même, sur le coup, quand je me suis approchée pour prendre la photo, je ne pouvais pas m’empêcher de rire, ce qui l’a bien fait rire aussi.



Une vieille dame se prépare une petite roulée…

Un groupe de femmes pratique le Qigong… J’ai regardé un peu le cours, c’était exactement comme celui que j’avais suivi à Blois avec ma mère. Là, c’est l’étape de l’auto-massage des joues… suivront les bras, les jambes, la tête, alouette.


Partie de badminton dans la forêt de conifères…

Un jardinier en pause…

Et même un chameau !

Et des fleurs, et des arbres et des arbres en fleurs… Je me suis vraiment éclatée sur les photos aujourd’hui, ça faisait longtemps ! Allez, je vous en fais profiter J