Bonjour à tous !

Ce blog m'a permis de partager avec vous mes découvertes, impressions et images, tout au long des neuf mois que j'ai passés en Chine en 2007. Je suis maintenant de retour à Montréal mais il me reste plusieurs épisodes de mon voyage à vous raconter. Je vais donc continer à alimenter ce blog avec mes aventures en Chine...

mercredi 7 septembre 2005

Une ONG de migrants et l'efficacité policière...

Hier soir, à l’heure où vous recevrez ce message chez vous, j’étais là: sur le Bund, à Shanghai, en face de Pudong éclairé. C’était magique. (Ne croyez pas que je sois mêlée dans ma concordance des temps, c'est le décalage horaire qui crée ces étranges rapports au temps !)


Avant de quitter Montréal, Yves me demandait quel était mon objectif personnel secret, ce qui ferait que je serais contente de mon voyage. Me retrouver seule de nuit en face de cette vue mythique de Pudong en était un. Me perdre dans les dédales de la Cité Interdite, un autre.



Quelques images de Shanghai:


Professionnellement parlant, le moment le plus fort est arrivé dimanche dernier.

À la veille de mon départ de Pékin, j’avais réussi à obtenir un rendez-vous avec le responsable chinois d’une petite ONG qui vient en aide aux travailleurs migrants et aux femmes en particulier. Un contact obtenu après trois précédentes entrevues où chaque personne rencontrée m’en réfère une autre…

Bref. Je me suis retrouvée au fond d’un labyrinthique Hutong (ruelles où se trouvent les habitats chinois traditionnels, en voie de démolitions massives…), que jamais je n’aurais trouvé seule.

Catherine, nom anglais de mon interprète, a demandé son chemin à huit personnes différentes avant de trouver le bon. Nous avons finalement pénétré dans une habitation à cour carrée où une quinzaine de jeunes Chinoises (et quelques Chinois) répétaient en chœur, debout autour d’une table de ping-pong, une chanson sur les migrants, écrite par l’un d’eux.

C’était dans le cadre de l’un des ateliers de divertissement offerts par cette ONG. Nous sommes restées là plus de quatre heures. Près de trois heures d’entrevues avec le responsable (le temps de la traduction double la durée des entrevues) puis avec des bénévoles et des femmes migrantes. Dans cette organisation, les migrantes peuvent bénéficier de cours d’anglais ou d’informatique qui leur permettront peut-être de postuler à un meilleur emploi. Un avocat les informe de leurs droits. Mais surtout, elles trouvent le réconfort et l’entraide dont elles manquent cruellement en dehors, arrivées seules de leur campagne quelques mois auparavant et projetées dans cette ville où elles n’ont aucun repère.

Une jeune migrante

Après les entrevues, alors que je prenais des photos de ces jeunes en train de chanter, j’ai vu mon interprète aller discuter avec l’une des bénévoles et donner ses coordonnées. Elle m’a avoué qu’elle trouvait l’organisation vraiment intéressante et qu’elle avait le goût de s’impliquer pour aider ces jeunes femmes, qui ont le même âge qu’elle, en fait. Mais quel écart incroyable entre Catherine, jeune urbaine indépendante et éduquée, parlant anglais et habituée à côtoyer les étrangers, et ces jeunes filles complètement naïves, aucunement conscientes de leurs doits, et de leurs non-droits d’ailleurs, débarquant de leur campagne à la recherche d’une vie meilleure comme des anges tombés dans la merde. Enfin, voir Catherine proposer ses services comme bénévole, elle pourtant avide d’argent (comme tous ces jeunes Chinois qui ont compris le fonctionnement de cette nouvelle société de consommation) m’a émue. Si mon voyage n’avait servi qu’à cela, je ne serais pas venue pour rien.

Lundi soir, je prenais donc le train pour Shanghai. Une nuit de train en « couchette molle » en compagnie des Chinois qui jouent aux cartes, méditent au coucher et au lever et ne manquent pas de faire leurs exercices matinaux, même dans des allées de train de moins d’un mètre de large. Il faut douze heures exactement pour rejoindre ces deux villes phares de la Chine dans un train rapide et top confort, un train Bombardier, comme le signale la brochure de présentation, exceptionnellement traduite en anglais pour la circonstance.

Mes premiers pas dans Shanghai m’ont quelque peu déroutée. On m’avait parlé d’une ville plus moderne et plus belle que Pékin, plus cosmopolite et habituée aux étrangers. Or, depuis que je suis ici, je n’arrête pas de me faire appeler « Hello! ». À Pékin, les Chinois me regardaient beaucoup, curieux de l’étranger, mais silencieux. Ici, ils m’interpellent, et comme ils ne savent que dire « Hello! », j’entends ça à longueur de temps. Et ça les fait rire. Les Chinois sont très rieurs (et ce n’est pas seulement une impression due à leurs yeux bridés). Ils rient pour tout et n’importe quoi. Quand ils sont contents, quand ils trouvent ça drôle, mais aussi quand ils ne savent pas ou qu’ils sont gênés. Il paraît qu’il existe plusieurs dizaines de termes différents en chinois pour exprimer les différents types de rire. J’avoue qu’il y en a encore plusieurs qui me laissent perplexe. Enfin, dans une ville soi-disant habituée aux étrangers, je ne m’attendais pas à me faire autant interpeller. J’en entends déjà certains d’entre vous supposer que c’est leur façon « subtile » de m’approcher. Détrompez-vous : les Chinois ne draguent pas. Je ne vous expliquerai pas comment ils font pour s’approcher les uns les autres. Je n’en ai pas la moindre idée. Une chose est sûre : ça ne marche pas comme chez nous. Si ça fonctionne un peu comme les relations d’affaires, il doit leur falloir plusieurs dizaines de rendez-vous galants avant d’oser se prendre la main. En tout cas, s'ils sont plus libérés qu’auparavant, ils sont quand même encore tout gênés d’être surpris enlacés sur un banc public. Mais je ne m’avancerai pas davantage sur ce sujet où je manque totalement d’expérience locale.

Il m’est arrivé une aventure inattendue avec la police. Jamais plus je ne dirai du mal de la police chinoise, c’est promis. Un matin, à Pékin, j’avais laissé mon vélo accroché à la grille d’un hôtel où j’avais rendez-vous pour une entrevue. En fin de journée, après plusieurs autres rendez-vous où je m’étais rendue en taxi, je reviens chercher mon vélo. Impossible d’ouvrir le cadenas. Un morceau de clé est coincé à l’intérieur. Un voleur a essayé de s’emparer de mon vélo. Il a échoué, mais je suis tout de même privée de mon moyen de transport favori. Je décide d’aller expliquer mon problème à un portier de l’hôtel qui connaît sept mots d’anglais. Plein de bonne volonté devant mon désarroi (!), il m’accompagne à mon vélo pour se rendre compte par lui-même qu’il n’y a rien à faire pour ouvrir ce cadenas. Il appelle son copain chauffeur de taxi qui connaît deux mots d’anglais et retourne à son poste. À son tour, le chauffeur de taxi vient s’enquérir de visu de la situation et décide d’appeler la police. Aïe ! C’est sûr que j’aimerais récupérer mon vélo, mais est-ce que je veux vraiment voir débarquer la police chinoise qui va sans doute m’interroger, me demander mes papiers, peut-être les papiers de l’engin (que je n’ai pas puisque c’est un vélo prêté, un vélo qui n’a peut-être même pas été acheté neuf…). Je commence à m’inquiéter de passer le reste de ma soirée au poste de police à devoir répondre à leurs questions auxquelles je ne comprendrai rien.

Enfin, il est trop tard. Avec mon compagnon aux deux mots d’anglais, nous attendons près de quarante minutes sur le trottoir devant l’hôtel, l’arrivée de la police. Alors que je suis en train de me dire qu’ils ont résolument d’autres chats à fouetter et que je vais devoir me résoudre à abandonner ma bicyclette, je vois arriver en trombe deux autos de polices avec sirènes et gyrophares. Je n’y crois pas. Mais oui, c’est bien pour moi. Ils débarquent à deux de chaque voiture et se dirigent vers moi. Quatre policiers chinois, qui vont inspecter ma bicyclette un à un avant de conclure par des airs entendus que le seul moyen de sauver la machine est de briser le cadenas. Ils me demandent par signe si je suis d’accord. Ben oui ! Vous croyez que j’attends quoi, au juste ? L’un d’eux se dirige vers le chantier de construction tout proche et en revient armé d’une scie pour s’attaquer à mon cadenas. Avant de passer à l’action, il s’assure une fois de plus de ma volonté ferme et définitive d’achever ce morceau de métal rebelle. Devant ma conviction inébranlable, il s’accomplit. Je n’en reviens pas. Ils sont quatre policiers mobilisés depuis près d’une heure pour scier le cadenas d’une jeune Occidentale en péril. Un attroupement de curieux s’est formé autour de nous. J’ai peine à me retenir de rire. Mais ils ont l’air de trouver ça drôle eux aussi. J’hésite à pousser l’audace jusqu’à sortir mon appareil photo mais la situation est trop loufoque. J’ai donc pris quelques clichés et même un petit film, pour que vous ayez des preuves que je n’ai pas tout inventé !

Finalement, ils ne m’ont rien demandé, pas de papiers, pas de questions. Je suis rentrée à la maison, après quelques heures de perdues, mais triomphante avec mon cadenas scié sous le bras. Cette histoire est assez représentative de la façon dont les choses se passent en Chine. Ici, tout est possible. Il faut de la patience, beaucoup de persévérance, parfois un peu d’argent pour accélérer les choses, mais on peut toujours arriver à ses fins.

Dans le même ordre d’idée, pour aller faire quelques longueurs dans une piscine de Pékin, j’ai dû passer un « test de grand bain ». Je vous passe le détail des exercices ridicules que j’ai dû faire, notamment les deux bras en l’air au milieu de la piscine pour leur prouver que je n’allais pas me noyer. Ils m’ont demandé dix kuais, une photo d’identité et tout un tas de renseignements dont mon nom en chinois (pas seulement en pinyin, non, mais écrit en caractères chinois !!!). Plus de temps de paperasses et de discussions que de temps dans l’eau…

Malgré tout ça, et aussi Pour ça, j’adore la Chine !

Je pense beaucoup à vous tous. J’espère que vous allez bien. Je vous envoie plein de bisous de ce côté de la planète…

mardi 16 août 2005

Premiers pas en Chine...

Seulement quatre jours que je suis arrivée et j’ai le sentiment d’être ici depuis des semaines. Je n’ai pas eu vraiment le temps de subir le décalage horaire. Le soir de mon arrivée, après un voyage de près de vingt heures, je me suis couchée à 19h heure locale et j’ai fait le tour de l’horloge. Le lendemain, c'était parti...

J'ai commencé la journée par un spectacle de marionnettes chinoises, suivi par mon inscription au bureau de la police de quartier (pour les informer de ma présence, comme s’ils ne savaient pas déjà où je loge, ce que je fais ici, et ce que je mange au petit déjeuner ou presque…).

J'avais ensuite une rencontre pour une entrevue avec une compagnie québécoise qui fait des affaires en Chine. Ils m'ont invitée à assister à leur repas d’affaires avec leurs partenaires chinois. Ce fut ma première expérience d'un vrai repas chinois et la découverte des mœurs de la table… Ce que j’ai trouvé le plus difficile : à table, on ne doit jamais prendre son verre d’alcool et boire seul. Il faut attendre que quelqu’un nous porte un toast pour boire avec lui. Lors de mon premier souper, je n’arrêtais pas de gaffer… Avec un si bon repas et un vin pas si pire (vin chinois, appelé The Great Wall, mais fabriqué ici par des Français…) il aurait fallu m’attacher les mains derrière le dos! N’y tenant plus, j’ai finalement commencé à lancer moi-même les toasts ! Ici, il faut apprendre vite…

Le lendemain, je passai la journée avec un autre Québécois dont la blonde est une femme d'affaires chinoise issue de la campagne, véritable "success story" pour mon reportage sur les femmes migrantes.

Nous avons passé une partie de la journée sur la grande muraille puis sa blonde nous a emmenés au meilleur resto de Pekin Duck de la ville…

Une expérience multisensorielle : la préparation du canard, les démonstrations de préparation des bouchées, la musique et la langue chinoises, les couleurs des décorations...

Les Chinois sont charmants, gentils, très souriants. Bien sûr, les échanges quotidiens en chinois sont limités à bonjour et merci. Rarissimes sont ceux qui parlent anglais. Quelques gens d’affaires et encore, leur anglais est très approximatif et leur accent rend parfois la compréhension hasardeuse. En plus, ils ont la difficulté d’avoir à comprendre mon accent, qui n’est pas exactement "typich american". Enfin, dans l’ensemble, on s’en sort !

Pas un chauffeur de taxi ne parle anglais. Je leur montre où je veux aller sur la carte de la ville, mais la plupart ne connaissent pas et doivent s’arrêter à plusieurs reprises pour demander leur chemin.

La chaleur est extrêmement humide. Bien plus encore qu’à Montréal et la pollution permanente crée un climat étouffant. Heureusement, lieux publics et appartements sont climatisés.

Malgré tout ce que j’ai lu et entendu sur le sujet, la vie chinoise reste surprenante et parfois déroutante… Mais tout se passe bien jusque là.

J’ai la chance de partager un appartement avec une Française (Gaëlle, à mes côtés sur la photo), qui vit ici depuis plus d’un an et se débrouille bien en chinois, ce qui facilite les transactions quotidiennes avec les locaux !

Voici quelques photos des premiers jours :



J’espère que vous allez bien, que vous soyez, au Québec, en France ou ailleurs… N’hésitez pas à m’envoyer des nouvelles, ça me fera plaisir. J’ai accès à Internet à la maison. Je vous embrasse tous bien fort et à bientôt pour d’autres nouvelles de la planète Chine !